Am, Stram, gram, pic et pic et colégram.
Toutes les histoires d’Amandine Meyer pourraient commencer comme une comptine. Des garçons et des filles qui font la ronde, jouent à cache-cache, s’attrapent et fabriquent des couronnes de fleurs. Ils vivent loin des adultes, sur une île paradisiaque à la flore luxuriante, dans un monde onirique rempli de gentils animaux.
Mais en s’enfonçant plus profondément dans cette jungle, on s’aperçoit que cet univers est loin d’être doux comme un agneau. Les enfants, sans visage, ont les yeux bandés pour ne pas affronter la réalité. Ils s’égratignent, se tire les cheveux, se noient et tombent des arbres.
L’innocence fait place au silence coupable. Les plantes se couvrent d’épines, elles envahissent le moindre espace, l’atmosphère devient asphyxiante et tout ce microcosme improvisé fond et dégouline comme neige au soleil.
Amandine Meyer créent ces histoires comme on joue à la poupée. Ces personnages semblent être des figurines modelées dans l’argile qu’elle pose au départ dans différents tableaux, comme des bibelots sur des étagères.
Mais les statuettes de petite fille, de chérubin ou de poney ne restent pas bien longtemps en place. Elles s’animent, courent, se débattent et cherchent à échapper au destin tracé par l’artiste. Le lecteur les suit dans cette ribambelle de pages aux couleurs édulcorées, emporté lui aussi dans autant de rêves aux détours inquiétants.