Jean  et Cosmiel ont été touchés par la grâce des Instances supérieures ! Ils  ont été libérés des contingences de leur corps physique : matières  éthérées flottant dans l'univers, nos deux compères entament une  déambulation curieuse à travers différents mondes : la Lune, le Soleil,  Pluton... Silencieux et contemplatif, leur voyage est aussi rythmé, de  loin en loin, par les leçons de métaphysique triviale que le sage  Cosmiel prodigue à Jean le novice.
Au commencement, il y a le Voyage extatique céleste,  d'Athanasius Kircher, jésuite allemand du XVIème. Cet ouvrage  métaphysico-scientifique, superbement illustré, relate un trip étrange  dans un univers aux lois révolues. Kircher, lui, se situe quelque part  entre génie précurseur et cancre illuminé. Auteur de moult traités dans  moult domaines, on lui doit bien quelques belles intuitions ; mais au  final, ses errances (hélas, nombreuses) l'ont plongé dans un relatif  oubli, même si, convenons-en, elles le rendent éminemment sympathique.  Amoureux du personnage, autant que de son œuvre, Clément se place en  lointain héritier de ce bon savant.
Mais démiurge lui-même, il  triture cette matière à loisir et fait de ce "Voyage" une immersion  superbe dans son propre univers. Par le jeu de ses perspectives  étranges, de ses décors fastueux, de ses lumières hallucinées, Clément  surprend et sidère ; ou, mieux encore : émerveille.