En 1932, Karel Capek publie dans le Journal Lidové noviny un feuilleton dans la rubrique « Le coin des enfants ». Ces feuilletons forment la chronique de « la vie d’un bébé chien », Dachenka (Dásenka, diminutif de Dácha, lui-même diminutif du prénom Dagmar), fille de sa chienne Iris. Capek les rassemble dans un livre qu’il illustre de ses propres dessins et photographies, Dachenka ou la vie d’un bébé chien, qui deviendra un classique dans son pays, traditionnel amateur de contes et de littérature pour enfants.
Publié par la maison Borov, célèbre depuis la fin du XIXe siècle pour son sens de l’innovation, le volume, de grand format, est un des beaux exemples du style constructiviste et fonctionnaliste appliqué au domaine du livre : simplicité géométriques des lignes, balance chromatique, complémentarité de la typographie, d’un dessin stylisé et des photographies. La conception en avait été confiée au plus célèbre maquettiste du pays, Karel Teige (1900-1951), artiste et critique d’art, homme orchestre de l’avant-garde – il donna des cours au Bauhaus de Dessau -, auteur d’une quantité d’essais théoriques orientés vers un modernisme engagé. Rares furent les rééditions du texte qui reprirent l’esprit inventif de ce volume – la jolie édition de la traduction française par Anna et Jacques Arnaudiès n’a par exemple suivi ni l’insertion des photographies ni la disposition du texte. Le livre est pour la première fois édité en France avec les tirages photographiques d’époque de Karel Capek retrouvés dans sa maison de Prague et scanners sur place par MeMo.
Comme les animaux des Histoires de Chien et de Chat écrits et illustrés par son frère Josef (1929), comme le cabot de son Conte du chien, Dachenka est confrontée à des épreuves – le monde physique, l’instinct, l’autorité fluctuante des hommes – mais devient elle-même une épreuve, source de soucis, d’amusement et d’affection.